Bulgari Octo Velocissimo, la cohérence
C’est au fil de déclinaisons réussies qu’une montre révèle son potentiel iconique. Avec l’Octo, la marque Bulgari semble avoir trouvé son modèle de légende. Sa version chronographe le confirme.
L’idée qu’il existe un style italien n’est pas un mythe. Comme chez les Anglais qui parviennent toujours à marquer leurs œuvres horlogères d’un petit quelque chose de british, les designers de la Péninsule, en tous les cas les gardiens esthétiques de la marque Bulgari, parviennent toujours à imprimer ce je ne sais quoi d’immatériellement italien. Comme une volupté dans l’élégance, un raffinement dans les équilibres qui, marié à la rigueur helvétique et à ce qu’on pourrait qualifier de valeurs mécaniques, produit la plus aboutie des réalisations. Certes, faire appel à une figure graphique ancienne universelle, telle que l’octogone, peut sembler plus facile.
Encore fallait-il être capable de transcender encore cette union entre le cercle et le carré, ces deux figures primitives qui ont tant inspiré les cultures universelles, de l’Occident à l’Orient, en passant par l’Asie où elles ont aussi laissé nombre de traces architecturales.
Au-delà du style, l'instrument
A sa masculinité assumée, déjà soulignée sur ce site via l’article de Louis Nardin – lire l’article «Octo, puissance romaine» –, la déclinaison de l’Octo en version chronographe ajoute en urbanité. Caractère trempé, signes extérieurs d’une tradition horlogère classique traversée de contemporanéité, offrant le visage reconnaissable du chronographe mécanique. Sauf que ses trois sous compteurs sont disposés en «V» - à 3h pour les minutes, 6h pour le décompte horaire et 9h pour les secondes, - que sa trotteuse centrale balaie un périmètre d’où surgit un guichet de date posé à 4h30.
Une harmonie dans le positionnement des indications qui fait ressortir le noir profond d’un cadran laqué poli à la main ainsi que les reliefs, ces 110 facettes alternant le poli et le satiné de son boîtier de 41,5 mm de diamètre, disponible soit en or rose 18 carats soit en acier massif. L’élite de l’Octo, en tous les cas, dotée tantôt d’un bracelet en alligator, tantôt d’un bracelet acier original, plus sportif encore. A noter que le jeu des lumières ainsi que la perception des proportions diffèrent selon qu’on opte pour l’or ou l’acier.
En matière de motorisation, ce charismatique chronographe aux traits racés d’instrument utile de mesure des temps et de leurs écarts, abrite le calibre Velocissimo à remontage automatique et à roue à colonne. Un système micromécanique à échappement en silicium qui se réclame de la haute fréquence de 36'000 alternances par heure tout en fournissant une réserve de marche de 50 heures. Un calibre de 30 mm de diamètre pour 6.62 mm d’épaisseur, dont la bonne tenue est assurée par 31 rubis amortisseurs et dont les rouages se laissent admirer au verso, via la transparence d’une glace saphir. Cette générosité de technique rappelle que la dimension manufacture de cette belle griffe italienne, longtemps perçue uniquement comme joaillière, est définitivement inscrite dans ses gènes.
Traverser les modes
Riche d’une vraie histoire humaine et familiale, la marque Bulgari qui a réintroduit l’Octo dans ses collections depuis 2012, semble enfin disposer d’un modèle propice à porter ses valeurs les plus subtiles. Un standard d’esthétique auréolé d’intemporalité dont les formes s’imposent toujours plus, quelles que soient ses déclinaisons. Verra-t-on prochainement, au détour d’une annonce de nouveauté, émerger le plus petit format d’une Octo Lady? Il n’y aurait en tous les cas rien d’incongru tant l’équilibre de cette forme semble pouvoir résister à toute espèce d’érosion de personnalité.
Opinion: des modèles devenus légendes
A la fois traumatisante et stimulante, l’idée au sein d’une marque qu’un modèle puisse traverser les modes et les époques et s’imposer sur le long terme, demeure le Graal suprême. Toutes les entreprises horlogères ont à l’esprit le modèle Oyster de Rolex, la Reverso de Jaeger LeCoultre, la Royal Oak d’Audemars Piguet… La démarche n’est pas sans risque. Reste que dans cette course à l’icône, il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Avec son Octo, la marque Bulgari est sur le point d’accéder naturellement à cette rare prérogative. Le temps lui donnera-t-il raison? Il en prend le chemin.